15 juillet 2008
2
15
/07
/juillet
/2008
11:51
L'article des Echos que je citais dans un précédent article s'est transformé en pétition (http://www.petitionspot.com/petitions/INSV) qui, le 15 juillet à 10h15, avait reçu 187 signatures, et non
des moindres.
Si on ne peut qu'être d'accord avec le constat de départ : "alors que la plupart des pays développés et même émergents engagent des sommes considérables dans la biologie, nous constatons depuis plusieurs années que la France peine à suivre le mouvement", le reste du texte de la pétition reste sujet à discussion.
En effet, dès l'énoncé des trois raisons qui "militent pour l’investissement dans la Biologie", on reste un peu sur sa faim. Sur le plan fondamental, n'y-a-t-il que la reconnaissance des évolutions rapides de ce domaine de recherche qui justifie qu'on s'y intéresse ? Ensuite, que met-on sous le vocable de "progrès sociétal", et ne restreint-on pas trop la recherche sur le vivant "au développement de thérapies nouvelles" ? Enfin, dans quel cadre économique se place-on pour affirmer que "la valorisation des connaissances en biologie revêt un potentiel économique considérable" ? Est-ce la possibilité offerte à l'industrie pharmaceutique de réaliser des profits croissants sans que le principe de bienfaisance soit toujours respecté ?
Mais le problème fondamental, à mon avis, de cette pétition et que ce qu'elle propose est lié à l'affirmation : "dans un premier temps, on pourrait se contenter d’une structure rassemblant la biologie du CNRS et l’INSERM". Quelle vision réductrice de la SCIENCE !!!
Je crains que ce document corresponde à un soutien objectif de ce que nos tutelles souhaitent mener à bien, sans toujours oser le dire clairement. Il apporte de l'eau au moulin de ceux qui veulent détruire l'existant pour ce qu'il est, sans même imaginer ce qu'on pourrait en faire de mieux.
Peut-être, et je me suis déjà exprimé sur le sujet, le but ultime d'un institut interdisciplinaire du vivant est-il souhaitable, mais pas dans ces conditions, de grâce ! C'est précisément parce que le biomédical est le domaine du vivant où il y a le plus de recouvrement entre les différents acteurs institutionnels qu'il ne faut pas commencer par celui-là pour réorganiser la recherche en sciences de la vie.
Quant à réaliser une première étape de mixité ("double labellisation" à la demande) entre CNRS et Inserm, on reconnaît bien là une demande ancienne de certains des premiers signataires de cette pétition, au mépris de certains principes écologiques, qu'ils soient d'écologie humaine ou pas. À l'époque de la moisson, que penserions-nous d'un cultivateur qui aurait mélangé blé et seigle dans le même champ sous le prétexte qu'il existe des pains qui utilisent les deux farines ?
Enfin, je reste surpris qu'un document d'une grande élévation, tel que celui qui sert de support à cette pétition, n'envisage pas deux acteurs majeurs de la recherche, notamment en sciences de la vie : l'Université et l'ANR. Est-ce parce que ses auteurs sont convaincus par la LRU et la politique des grands campus va sauver l'Université et qu'elle accèdera ainsi au statut de "partenaire" qu'ils refusent au CNRS et à l'Inserm, par exemple ? Est-ce également parce qu'ils ont définitivement admis la politique de financement sur projets telle qu'elle est conçue par l'ANR ?
Je ne crois pas qu'on puisse morceler la réflexion sur la réorganisation de la recherche en sciences de la vie, ni surtout laisser dans l'ombre des pans entiers de cette recherche (sur les plans thématique et institutionnel). Des solutions partielles sont sans doute nécessaires, pratiquement, pour permettre de progresser vers un objectif qui devrait être celui, réfléchi, de l'ensemble de la communauté scientifique. Mais, de ce point de vue, la création d'un institut du vivant au CNRS sur la base du constat, excellent, qu'en a établi Frédéric Dardel, n'est certainement pas une plus mauvaise première étape que ce que cette pétition lancée sur le Web propose sans forcément en mesurer les dangers.
Si on ne peut qu'être d'accord avec le constat de départ : "alors que la plupart des pays développés et même émergents engagent des sommes considérables dans la biologie, nous constatons depuis plusieurs années que la France peine à suivre le mouvement", le reste du texte de la pétition reste sujet à discussion.
En effet, dès l'énoncé des trois raisons qui "militent pour l’investissement dans la Biologie", on reste un peu sur sa faim. Sur le plan fondamental, n'y-a-t-il que la reconnaissance des évolutions rapides de ce domaine de recherche qui justifie qu'on s'y intéresse ? Ensuite, que met-on sous le vocable de "progrès sociétal", et ne restreint-on pas trop la recherche sur le vivant "au développement de thérapies nouvelles" ? Enfin, dans quel cadre économique se place-on pour affirmer que "la valorisation des connaissances en biologie revêt un potentiel économique considérable" ? Est-ce la possibilité offerte à l'industrie pharmaceutique de réaliser des profits croissants sans que le principe de bienfaisance soit toujours respecté ?
Mais le problème fondamental, à mon avis, de cette pétition et que ce qu'elle propose est lié à l'affirmation : "dans un premier temps, on pourrait se contenter d’une structure rassemblant la biologie du CNRS et l’INSERM". Quelle vision réductrice de la SCIENCE !!!
Je crains que ce document corresponde à un soutien objectif de ce que nos tutelles souhaitent mener à bien, sans toujours oser le dire clairement. Il apporte de l'eau au moulin de ceux qui veulent détruire l'existant pour ce qu'il est, sans même imaginer ce qu'on pourrait en faire de mieux.
Peut-être, et je me suis déjà exprimé sur le sujet, le but ultime d'un institut interdisciplinaire du vivant est-il souhaitable, mais pas dans ces conditions, de grâce ! C'est précisément parce que le biomédical est le domaine du vivant où il y a le plus de recouvrement entre les différents acteurs institutionnels qu'il ne faut pas commencer par celui-là pour réorganiser la recherche en sciences de la vie.
Quant à réaliser une première étape de mixité ("double labellisation" à la demande) entre CNRS et Inserm, on reconnaît bien là une demande ancienne de certains des premiers signataires de cette pétition, au mépris de certains principes écologiques, qu'ils soient d'écologie humaine ou pas. À l'époque de la moisson, que penserions-nous d'un cultivateur qui aurait mélangé blé et seigle dans le même champ sous le prétexte qu'il existe des pains qui utilisent les deux farines ?
Enfin, je reste surpris qu'un document d'une grande élévation, tel que celui qui sert de support à cette pétition, n'envisage pas deux acteurs majeurs de la recherche, notamment en sciences de la vie : l'Université et l'ANR. Est-ce parce que ses auteurs sont convaincus par la LRU et la politique des grands campus va sauver l'Université et qu'elle accèdera ainsi au statut de "partenaire" qu'ils refusent au CNRS et à l'Inserm, par exemple ? Est-ce également parce qu'ils ont définitivement admis la politique de financement sur projets telle qu'elle est conçue par l'ANR ?
Je ne crois pas qu'on puisse morceler la réflexion sur la réorganisation de la recherche en sciences de la vie, ni surtout laisser dans l'ombre des pans entiers de cette recherche (sur les plans thématique et institutionnel). Des solutions partielles sont sans doute nécessaires, pratiquement, pour permettre de progresser vers un objectif qui devrait être celui, réfléchi, de l'ensemble de la communauté scientifique. Mais, de ce point de vue, la création d'un institut du vivant au CNRS sur la base du constat, excellent, qu'en a établi Frédéric Dardel, n'est certainement pas une plus mauvaise première étape que ce que cette pétition lancée sur le Web propose sans forcément en mesurer les dangers.