Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
7 décembre 2017 4 07 /12 /décembre /2017 17:21
Jane Austen et les neurosciences

Il y a deux-cents ans disparaissait une "jeune" auteure dont le succès littéraire ne s'est jamais démenti. Tout le monde connaît Raisons et sentiments, Orgueil et Préjugés, Mansfield Park, Emma ou Persuasion. Certains et certaines ont peut-être parfois un peu honte d'apprécier ces romans sentimentaux et hésiteront avant d'avouer qu'elles et ils ont dévoré ces ouvrages. Je trouve intéressant qu'ils deviennent un sujet d'étude dans le domaine des neurosciences !

Wendy Jones, psychothérapeute et ancienne professeure d'anglais connue pour son travail sur le lien entre la littérature et les sciences du cerveau et de l'esprit, révèle la capacité intuitive de Jane Austen à imprégner ses personnages de traits caractéristiques de l'intelligence sociale. Dans son dernier livre « Jane on the Brain - Exploring the Science of Social Intelligence with Jane Austen », Wendy Jones explore les multiples facettes de l'intelligence sociale, et comment des œuvres de littérature populaire peuvent éclairer davantage la connexion esprit-cerveau.

Voici un extrait de ce qu'elle en dit dans la revue The Scientist d'aujourd'hui :

« Dans Raison et Sentiments de Jane Austen, Elinor Dashwood parle à une nouvelle connaissance, Lucy Steele. Sur la base de leurs précédentes rencontres, Elinor ne pense pas grand chose du personnage de Lucy. Mais Lucy semble déterminée à se lier d'amitié avec Elinor et à en faire une confidente. Elinor découvre les vrais motifs de Lucy lorsque celle-ci lui révèle qu'elle est secrètement fiancée à Edward Ferrars, l'homme qu'aime Elinor. Celle-ci reste sans voix: « Son étonnement devant ce qu'elle a entendu était d'abord trop grand pour les mots ».

Elinor n'est pas la seule à faire l'expérience de ce genre de blocage et de la frustration qui l'accompagne. Quand nous sommes en colère, contrariés, ou effrayés - sous l'emprise de toute émotion forte - la plupart d'entre nous ont du mal à penser clairement. Cela a à voir avec la relation inverse entre nos systèmes nerveux sympathiques et parasympathiques, qui gèrent (respectivement) le degré auquel nous sommes excités ou calmes.

Le neuroscientifique Stephen Porges a suggéré que le thermostat pour l'ajustement de la contribution sympathique et parasympathique peut être trouvé dans ces systèmes eux-mêmes. Il a mis en évidence les opérations impliquées dans une «perspective polyvagale», qui considère notre fonctionnement neurophysiologique dans le contexte de la sécurité, que nos environnements soient menaçants ou bénins.

J'explore ces phénomènes neurosociaux et d'autres à travers l'objectif des romans immensément populaires de Jane Austen dans mon nouveau livre, Jane on the Brain: Explorer la science de l'intelligence sociale.

[…]

C'est seulement quand Elinor réussit à se calmer qu'elle redevient capable d’entretenir une conversation courtoise avec Lucy, « de se forcer à parler et de parler prudemment ». Possédant un système vague remarquablement adaptable, Elinor récupère rapidement son sang-froid, et finalement prive Lucy de son triomphe ».

 

Peut-être pourrons-nous relire à présent Jane Austen sans ce petit sentiment de honte, et avec la fierté de mieux comprendre cette intelligence sociale qui contribue à faire de nous des humains.

Partager cet article
Repost0

commentaires