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25 octobre 2012 4 25 /10 /octobre /2012 21:09

Nef des fousMais que font les scientifiques ?!?! Pourquoi sont-il aussi incapable de répondre à des questions simple, telles que : les OGM sont-ils dangereux ? Et quid des téléphones portables ? Les scientifiques sont-ils responsables de la crise de la vache folle ? Les vaccinations sont-elles bienfaisantes ou dangereuses ? ...

Pourquoi ces question, et pourquoi aujourd’hui ?

 

Actualité :

Un jugement est tombé en Italie : des scientifiques utilisés comme experts en sismologie et n’ayant pas su/pu prédire l’advenue d’un tremblement de terre dans les Abruzzes en mars 2009, ont été condamnés à de lourdes peines de prison pour homicide par imprudence. Leur apparent souci de ne pas créer une panique sans avoir de certitude quant à l’imminence d’un séisme dévastateur est assimilé par la « justice » à une responsabilité directe dans la mort de plus de trois cent personnes.

Une évaluation est tombée en France : après les six Académies, le Haut Conseil des Biotechnologies a jugé que l’alerte lancée par l’équipe de G.E. Séralini était dénuée de fondement scientifique, impliquant que l’appel à la panique alimentaire qui s’en est suivie, s’étalant en couverture du Nouvel Observateur n’était pas rationnel ni raisonnable.


« Fiction » (enfin, peut-être…) :

Un scénario catastrophe quelque part dans le monde : des experts prétendument scientifiques ont sur interprété des microséismes et provoqué l’évacuation en urgence d’une ville, d’une région. Bilan de la panique : trois cents morts. Bilan de l’alerte : aucun séisme. La justice, saisie par les familles des victimes, décide de juger les experts pour homicide par imprudence, et pourquoi pas bientôt de dénonciation calomnieuse de phénomène tellurique.

 

La place de scientifiques entre experts et lanceurs d’alerte.

Au cours d’un débat sur la place de la recherche et de l’expertise scientifique dans le processus décisionnel,  Jean-Pierre Beaudoin distinguait :

-  Le scientifique qui, parce qu’il a la compétence, ne peut dire que  « voici ce que l’on sait aujourd’hui » ;

-  Le militant qui se sert d’un discours d’expert pour conforter sa cause et soutenir une idéologie ;

-  L’oracle qui, lui, adopte et adapte ce discours d’expert pour prétendre annoncer ce qui va advenir.

Ce que l’actualité nous a appris, c’est que le scientifique est en prison. Le militant continue de se répandre dans la presse et pourrait être convié à participer à la définition de critères d’évaluation de protocoles d’étude à long terme des effets de certaine PGM sur la santé humaine, … ou murine. Quant à l’oracle, qui n’est sans doute pas aussi fictif que l’histoire ci-dessus pourrait le faire croire, il a, dans l’actualité Italienne, pris la forme d’un détecteur de radon qui, lui, l’avait bien prédit qu’il y aurait un séisme violent dans les Abruzzes. Et lui aussi continue de se répandre dans la presse pour dénoncer le mépris de la science pour son génie méconnu.

Il faut bien reconnaitre que la confusion entre ces trois types d’acteurs de la communication ne peut qu’entretenir la difficulté du citoyen à appréhender les faits scientifiques. La science est convoquée par la société afin d’établir un socle de certitude normative, une référence utilisée par le juridique et le politique pour gérer le « vivre ensemble ». La loi ne peut que difficilement s’ancrer dans l’incertitude. Cette même incertitude scientifique qui constitue le socle du principe dit de précaution, ce principe d’action qui donne des clefs pour gérer la prise de décision publique, politique et non l’ouverture de parapluie ! Mais, lorsqu’il pleut des difficultés, c'est toujours à la science que l'on demande des certitudes…


La science repose sur une remise en cause permanente des acquis. Le doute est un élément fondamental de la démarche scientifique. Il n’existe sans doute pas de vérité scientifique absolue, mais il existe une vérité de l’état de la science dans un temps de l’histoire. Cet état de la science peut et doit faire débat dans la société tant il est vrai que la science doit se maintenir sous le regard critique de la démocratie et doit lui rendre des comptes.

Le débat existe déjà entre scientifiques, et, par expérience, je peux témoigner qu’il n’est pas tendre. Il est contradictoire comme devrait l’être l’expertise scientifique en charge d’éclairer les décideurs. Mais est-il légitime qu’il soit arbitré par un juge ? Qui voudra encore donner un avis scientifique si cet avis peut le conduire en prison pour six ans ? Alors qu’il est essentiel de mettre la science au cœur de la société, des « jugements » tels que celui des Abruzzes risque fort de la replacer dans sa tour d’ivoire.

Pour cela, les juges (Italiens) mériteraient d’être jugés !

 

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