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10 février 2012 5 10 /02 /février /2012 17:00
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Pour ceux qui s'intéressent aux débats sur les organismes et plantes génétiquement modifiés (OGM et PGM), l'actualité récente a mis au premier plan la difficulté des humains à coexister avec ceux d'ente eux qui ne partagent pas leur avis. C'est bien de coexistence qu'il s'agit puisque le point de crispation est la recommandation et le rapport sur les conditions d'une "coexistence pérenne" entre plantes transgénique et non transgéniques, publiés par le Comité Economique, Ethique et Social (CEES) du Haut conseil des biotechnologies (HCB).

 

Le résultat provisoire de ce qui apparaît comme une absence ou un défaut de dialogue est la démission de cinq membres dudit CEES (CFDT, FNSEA, ANIA, GNIS, Jeunes Agriculteurs). En cause, ce que les démissionnaires qualifient de dysfonctionnement du CEES. Il s'agit en fait de l'existence, en son sein, de deux visions radicalement divergentes de la coexistence entre OGM et plantes non génétiquement modifiées. C'est-à-dire l'impossibilité d'en arriver à un consensus ou à un " compromis équilibré" entre ces deux "visions" inconciliables.


Mon propos n'est certainement pas de prendre parti dans ce débat, mais plutôt d'en constater l'absence (de débat). Cette actualité nous rappelle un certain nombre de faits saillants qui donnent sans doute raison à Winston Churchill lorsqu'il affirmait que la démocratie est le plus mauvais mode de gouvernement, à l'exception de tous les autres.

La recherche du "consensus", en tant qu'accord parfait, relève de l'idéal s'il ne glisse pas, comme c'est trop souvent le cas, vers l'opinion majoritaire.

Mais elle est une illusion lorsqu'elle prétend concilier l'inconciliable, gommer des divergences fondamentales.

Mais elle est coupable lorsque, pour arriver à son but, elle devient recherche du compromis (sans évoquer les compromissions).

Mais elle est insupportable lorsqu'il s'agit d'éthique (un des "E" de CEES). Et je voudrais m'attarder un peu sur ce point.

Il n'y a pas de vérité éthique, encore moins que de vérité scientifique immuable (concept hautement labile et instable). Les choix que nous faisons dans ce domaine sont très personnels ; on suppose qu'ils sont faits librement et illustrent ainsi notre légitime revendication à l'autonomie. Ces choix ont donc toutes les chances de s'affronter, et l'on est bien contraint de prendre en compte nos divergences. Il y a déjà une vraie dimension éthique dans la reconnaissance de nos divergences, dans leur constat et les tentatives de les comprendre. Il y a une dimension éthique non moins importante dans l'attention et l'écoute de l'autre qui nous permet d'y arriver.


Alors, foin du consensus…


Je n'ai peut-être rien compris à la démocratie, mais j'ai le sentiment (naïf sans aucun doute) que sa richesse vient de la pluralité des opinions qui peuvent s'y manifester. Alors si mon opinion (qui est, tiens donc, généralement minoritaire) est de façon permanente mise sous le boisseau des grands courants majoritaires, politiquement corrects et qui donc s'expriment plus fort que les autres, je ne peux pas participer à la démocratie. Plus grave encore, je ne peux pas participer au débat éthique !


L'éthique a pour moi cette qualité première qu'elle ne peut, en aucun cas, être une affaire de spécialistes. Elle appartient à tous et n'existe que dans le questionnement, jamais dans l'a priori. Si ce que je pense m'importe, ce n'est pas très important. Ce qui l'est, c'est ce que nous pensons, c'est à la fois la manière et jusqu'où nous pouvons faire converger nos positions personnelles apparemment inconciliables. L'éthique n'existe donc que dans la confrontation (pacifique, si possible) entre tous les "je" qui pensent, dans le dialogue, dans le débat.


J'ai eu la chance de participer récemment à deux débats éthiques qui montrent que cela est possible, plus encore, que cela est réalisable (si j'en crois, au moins, l'importante participation du public).

 

Il y eut tout d'abord les Journées annuelles d'éthique les 20 et 21 janvier à la Maison de la Chimie. Le Comité Consultatif National d'Ethique pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE) nous posait la question : Qui est "normal" ?

Norme, normativité, mais aussi normalité, des questionnements abordés par des philosophes, des sociologues, des juristes, des scientifiques,… au cours de trois demi-journées, en particulier devant la question du cerveau, déterminant de la normalité ? ou de nouvelles normalités, … Demain.

Une mention particulière pour une après-midi consacrée aux exposés de groupes de réflexion éthiques de lycéens qui nous ont prouvé, comme chaque année, que la sensibilité et la profondeur de la réflexion éthique est fort bien partagée, y compris par les plus jeunes.

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Puis, le Forum Européen de bioéthique à Strasbourg du 31 janvier au 4 février, sur le thème de la famille en chantier, un thème décliné en une vingtaine de tables rondes où le public était l'acteur principal :

-    Rends-moi mère ou j'en mourrai

-    Trisomie 21

-    Dépistage anténatal

-    Embryon, fœtus : les sujets de la discorde

-    J'adopte un enfant

-    La famille en chantier

-    Gamètes, embryons congelés : un stock encombrant

-    La France est-elle un pays eugénique ?

-    Mort avant de naître

-    Trier les embryons avant de les réimplanter

-    Qu'est-ce que le désir d'enfant ?

-    De qui suis-je né ?

-    Contraception : modifie-t-elle la famille ?

-    Cellules souches embryonnaires : statu quo et polémiques

-    Aide médicale à la procréation : sans limites ?

-    Gestation pour autrui : dur, dur de décider…

-    Les nouvelles règles du nous

-    La génétique peut-elle piloter nos vies ?

-    Filiation : de chair et de sentiments

-    Droit à l'enfant, droits de l'enfant

-    Clonage reproductif : crime contre l'espèce humaine ?

 

 

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commentaires

R
<br /> Tout simplement merci pour les infos ! <br />
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