Aujourd'hui, dans un monde de nantis, certaines et certains se permettent de faire l'apologie de valeurs anti-scientifiques et de critiquer de réels progrès médico-scientifques tels que, et ce n'est qu'un exemple, les mérites de la vaccination en santé publique. Cela me met un peu en colère et justifie ce billet d'humeur.
Evidemment, il est facile, et cela a été fait abondamment lors de la dernière campagne de vaccination anti-grippale, de mettre en avant certains effets secondaires de certaines vaccinations. C'est vrai, et il ne faut pas sous-estimer certains drames humains qu’ils entrainent. Mais s’arrêter sur cet aspect des choses, c’est oublier des drames humains beaucoup plus importants, peut-être pas qualitativement, mais certainement quantitativement. Si la variole, qui représentait un vrai fléau humain, a été éradiquée, c’est grâce la vaccination (qui, d’ailleurs, tire son nom de vaccine, virus protecteur contre la variole, et de Vacca, la vache qui permettait de le produire). Malgré des effets secondaires non négligeables, combien d’enfants la vaccination anti-polyomyélitique a-t-elle sauvé ? On peut en parler avec des personnes qui n’ont pas eu la chance d’être vaccinées et qui demeurent handicapées à vie des suites de cette terrible maladie (j’en connais). Faut-il également parler du tétanos qui fait encore des ravages, faute de vaccination, dans certaines régions du monde ? Je recommande, à ce sujet, la lecture de deux témoignages d’un ami, travailleur social en Afrique, sur ce que c’est que mourir du tétanos : http://inthestreetsofafrica.blogspot.com/2010/04/100-de-grevistes.html et http://inthestreetsofafrica.blogspot.com/2010/03/il-sappelait-leon.html. Ce ne sont que des exemples, et il y en a bien d’autres (rougeole, dyphtérie, typhoïde, …).
Nous savons qu’un vrai espoir en santé publique serait l’obtention d’un vaccin efficace contre le paludisme, pour autant qu’il serait disponible pour les populations qui en ont le plus besoin.
Beaucoup des drames sanitaires des temps anciens étaient liés à des maladies infectieuses. Des traitements efficaces (au moins partiellement et provisoirement, tels que les antibiotiques) ont permis d’en contrôler certaines. Mais ils ne seraient rien sans une politique sanitaire forte d’hygiène et de prévention. La prévention inclue la vaccination, lorsqu’elle est possible.
Le principe d’autonomie permet de la rejeter à titre personnel, même si c’est un peu comme avoir des rapports sexuels non protégés vis-à-vis du SIDA. Vive la sélection naturelle ! Nous avons le choix de revenir à un état sanitaire proche de celui qui existait lorsque la durée de vie était environ la moitié de ce qu’elle est aujourd’hui. Mais pourrait-on qualifier cela de progrès ?
Nous pouvons également nous enfermer dans notre égoïsme de nantis, puisque ce ne sont pas les couches socio-économiques les plus élevées qui sont les plus touchées par ces fléaux infectieux. Mais il existe un principe de solidarité qui nous rend responsables du succès de campagnes de santé publique puisqu’il est bien connu qu’une couverture minimum de vaccination est nécessaire pour que celle-ci protège efficacement une population donnée.