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26 octobre 2008 7 26 /10 /octobre /2008 18:10
Le Président de la République a, dans une lettre de mission qu'il a adressée le 15 octobre au professeur Jean-Pierre Grünfeld, lancé un deuxième plan cancer.

Le constat que le président fait de la progression de la maladie est légitimement alarmiste et pointe sur "le défi que cette maladie adresse à notre société". Son analyse des résultats du premier plan cancer (lancé par Jacques Chirac il y a cinq ans) le conduit à un bilan globalement positif.

Pourtant, à la suite du rapport de la Cour des comptes en juin dernier, le bilan 2003-2007 de ce premier plan cancer semblait très contrasté. La Cour ne soulignait-elle pas qu'un tiers seulement des 70 mesures prévues dans le plan avaient été intégralement ou largement réalisées. Si un autre tiers l’a été partiellement, la Cour stigmatisait la non-application du dernier tiers, d'autant que ces carences concernent particulièrement la prévention des cancers professionnels et ceux qui sont liés à l’alcool. Enfin, les sages de cette haute Cour s'inquiétaient de "l’absence totale d’évaluation" qui, selon eux, conduisait à ne rien savoir de l’impact du plan en termes d’incidence, de taux de survie ou de mortalité.

Ainsi, le président Sarkozy demande aujourd'hui que la surveillance des risques soit renforcée et que "des données plus fines et plus rapidement accessibles sur les évolutions de l’épidémiologie" soient désormais disponibles. Il affiche ainsi une priorité de fait sur les actions de prévention. On ne peut, bien sûr que s'en réjouir. De même doit-on se réjouir de l'attention qu'il dit porter à la qualité des soins, à l'égalité de tous devant cette qualité, ainsi qu'à la dimension socio psychologique de ce mal qui est loin de reculer, en France comme ailleurs.

On se réjouira enfin du constat qui est fait par le président Sarkozy, et qui le conduit à placer en première priorité pour ce nouveau plan, la RECHERCHE : "la qualité de la recherche menée sur notre territoire, depuis la recherche la plus fondamentale jusqu’à la recherche clinique conduite dans les établissements de santé, est une condition de la qualité des soins qui y seront prodigués dans les prochaines années".

Que ne s'est-il arrêté à ce point ? Pourquoi a-t-il éprouvé le besoin, avant même que le travail du professeur Grünfeld ait commencé, de lui souffler à l'oreille ses leitmotivs habituels sur la recherche ? À part les rapports tendancieux de Philippe Even et de Futuris avec l'ANRT, quelle est l'analyse objective et sérieuse qui permet de conclure comme il le fait que "la position de la France dans la recherche d’excellence au plan mondial s’est fragilisée au cours des dernières années" ? Et si tel est le cas, ne sont-ce pas les amis politiques de Monsieur Sarkozy qui ont créé cette fragilité ?
Cette fragilité a-t-elle des chances d'être éliminée alors que le Président, une fois de plus, tient pour quotité négligeable l'ensemble de la recherche en biologie, notamment fondamentale, qui est menée en dehors de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) ? Il réaffirme, en effet : "". C'est vrai que l'Inserm s'est doté d'un institut national thématique intitulé "cancer", qui, on peut le supposer (à défaut de le comprendre), doit améliorer "l’articulation entre l’Inserm et l’Institut du cancer (INCa)" qui est, soi-disant, décisive pour améliorer la performance de la recherche française.

C'est donc au détour d'une lettre de mission au but tout à fait louable qu'on apprend que le pouvoir politique, sourd aux émois de la communauté scientifique, s'obstine dans son erreur, sa faute, de réduire l'ensemble de la biologie au seul domaine biomédical. Pis encore, il laisse cette même communauté, au sein du CNRS, croire à l'existence d'un Institut national des sciences du vivant en son sein, alors l'organisation de cet immense domaine de la Science est verrouillée depuis la rédaction du programme de campagne électoral du candidat Sarkozy.
C'est entre les lignes de cette lettre de mission qu'on perçoit le mépris total dans lequel le pouvoir tient le CNRS, qui est pourtant fortement engagé dans toutes les thématiques de l’oncologie, depuis les recherches les plus fondamentales comme celles qui portent sur  différents aspects de la génomique ou sur le cycle cellulaire, que sur des applications au service direct des malades, comme la mise au point d'anti-cancéreux majeurs tels que le Taxotère et le développement de nouvelles technologies en imagerie applicables au diagnostic des tumeurs.

(Article publié sur le site d'Agoravox.fr)
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